
Épaisseur du bardage bois : La façade en question
Quand on parle bardage bois, tout est question d’épaisseur. Trop mince, le bois se déforme ou se fissure. Trop épais, et le poids impose des contraintes inutiles à la structure. Trouver le bon équilibre, c’est toute la sagesse des bâtisseurs, forestiers et architectes réunie autour d’un plancher rendu au silence du bois bien posé.
Mais alors, comment s’y retrouver ? Faut-il la même épaisseur pour une maison ossature bois que pour une façade de hangar agricole ? Une façade exposée plein nord résiste-t-elle autant qu’un pignon abrité ? Accrochez vos tabliers, on taille dans le nerf du sujet.
Pourquoi l’épaisseur du bardage est-elle si importante ?
L’épaisseur du bardage détermine sa résistance mécanique (chocs, torsions), sa stabilité dimensionnelle (variations hygrométriques, dilatation), sa durée de vie mais aussi son esthétique. Un bardage mince aura plus tendance à gondoler ou à se fissurer. Un bardage trop épais coûtera plus cher, demandera plus de main-d’œuvre au montage et risquera de surcharger une façade légère.
Autrement dit, choisir la bonne épaisseur, c’est éviter d’en faire trop, mais aussi ne pas faire trop peu. Un juste milieu déterminé par la fonction du bardage… et son orientation.
Une ossature bois ? Une attention toute particulière
Les maisons à ossature bois (MOB) constituent un terrain sensible. Le bardage y joue un rôle protecteur essentiel face aux intempéries. La structure, souvent légère, implique un choix judicieux de matériaux.
- Épaisseur recommandée : entre 18 et 22 mm.
- Pour des bois comme le douglas, le mélèze ou le red cedar, les formats entre 18 et 21 mm affichent un comportement optimal en façade.
- Des profils plus épais sont possibles, mais attention au poids sur l’ossature. Les calculs doivent être ajustés.
Petit conseil d’ami forestier : fixez votre bardage avec des vis inox à double filetage. Elles limitent les fissures lors des dilatations du bois. La bonne épaisseur, c’est aussi l’art de bien fixer.
Façades maçonnées : robustesse et liberté
Côté mur plein, le bardage est moins contraint. Le support encaisse facilement un bardage lourd ou très large. Ici, la liberté est presque totale.
- Épaisseur recommandée : de 18 à 27 mm, selon le type de bois et le rendu souhaité.
- Les essences denses (chêne, châtaignier) peuvent être utilisées sur des épaisseurs plus importantes sans déformation notable.
- Un bardage épais (jusqu’à 30 mm) en claire-voie horizontale offre une esthétique massive et durable à la scandinave.
Par expérience, on observe souvent un compromis autour de 21 mm. Ni trop fin pour fléchir, ni si gros qu’on a l’impression d’avoir bardé un centre de formation forestier.
Hangars, ateliers, bâtiments agricoles
Ici, le bardage doit jouer dur. Coup de godet, rayures, embruns de graviers… rien ne lui est épargné. Pour autant, les contraintes budgétaires et le temps de mise en œuvre limitent parfois les options luxueuses.
- Épaisseur recommandée : 22 à 28 mm.
- On privilégie les bois bruts comme le sapin traité autoclave, ou naturellement durables en grande longueur (douglas frais scié).
- Les planches larges posées à la verticale permettent un nettoyage plus simple et une reprise rapide en cas de dommage.
Dans les Hautes-Alpes, un client posait du mélèze de 27 mm d’épaisseur sur un abri à outils. Après dix hivers, le bois a grisé, mais n’a pas bougé. L’élégance de la rusticité, c’est aussi ça, le bois au naturel.
Et la question du type de pose ?
Que votre bardage soit à claire-voie, à recouvrement, en clin ou en pose à embrèvement, cela influence fortement le choix de son épaisseur.
- Bardage à clin horizontal : Épaisseur idéale : 18 à 22 mm. Il nécessite des bois stables pour éviter les déformations.
- Bardage à claire-voie verticale : Préférez 21 à 28 mm. Plus épais, c’est plus joli et plus rigide pour ce type de pose ajourée.
- Pose à embrèvement (rainure et languette) : Minimum 18 mm conseillé, idéalement 19/20 mm pour éviter les cassures au niveau des languettes fragiles.
Petit rappel d’artisan : plus le bois est étroit, plus il peut être fin. L’inverse est aussi vrai. Une planche large de 18 mm a de grandes chances de vriller.
Exposition de la façade : nord, sud, soleil ou tempête ?
On l’oublie souvent, mais l’orientation d’un bâtiment joue un rôle crucial dans la durabilité du bardage. Une façade exposée au sud subira la dilatation, le rayonnement UV et les changements thermiques. Celle à l’ouest affrontera les tempêtes. Celle à l’est restera souvent plus stable.
- Façade nord : Humidité plus présente, faible séchage naturel. Optez pour un bois plus épais et plus résistant à l’humidité, comme le douglas, 22 mm étant idéal pour compenser le stress hydrique.
- Façade sud : Le bois chauffe et travaille. Il est préférable de choisir des planches fines mais stables (entre 18 et 20 mm), bien fixées. Le red cedar s’en sort bien grâce à sa faible densité et sa stabilité.
- Façade ouest : Attention au vent et à la pluie battante. Des planches épaisses (22-26 mm) en pose verticale avec couvre-joints résistent mieux.
Comme me disait un charpentier en Corrèze : « Le bois vit, mais il dort mieux là où le vent ne vient pas lui hurler dessus tous les soirs. »
L’épaisseur selon l’essence de bois
Impossible de parler d’épaisseur sans parler d’essence. Chaque bois a sa densité, son comportement hygrométrique, sa résistance aux champignons.
- Red cedar : Très stable, même à faible épaisseur (18-19 mm). Idéal pour bardage raffiné.
- Mélèze : Résistant et dense. Planches de 21 à 24 mm sont bien équilibrées.
- Douglas : Offre un bon compromis stabilité/résistance. Épaisseur entre 18 et 22 mm est optimale.
- Sapin traité ou autoclave : Moins stable naturellement, on montera à 22 ou 24 mm selon les conditions d’exposition.
Et le feuillu ? Si durablement exploité et bien séché, le châtaignier en 22 mm est redoutable pour les bardages. Quant au chêne… peu s’y risquent, mais ceux qui l’ont fait n’ont plus jamais entendu parler de fentes ou d’humidité dedans.
Épaisseur et ventilation : duo inséparable
Un bardage bien posé, ce n’est pas juste une question de bois, c’est aussi une question d’air. La lame d’air derrière le bardage – souvent de 20 mm au minimum – prévient la stagnation d’humidité et prolonge la durée de vie.
Une planche de 18 mm mal ventilée se dégradera plus vite qu’une planche de 15 mm parfaitement ventilée. Pensez à ça comme une respiration du bois. L’épaisseur, c’est bien ; bien respirer, c’est mieux.
En résumé : le bon sens comme guide
- 18-20 mm : idéal pour petits projets, façades peu exposées ou bardage à clin.
- 21-23 mm : zone de confort, bon équilibre pour quasiment toutes les utilisations.
- 24-28 mm : pour grands bâtiments, façade exposée, esthétique claire-voie robuste.
Le choix de l’épaisseur, c’est l’accord entre la structure, l’exposition, la finition recherchée… et le chant du bois qu’on veut entendre pendant les années à venir. Un bardage bien posé, c’est un mur qui parle sans bruit, un témoignage de savoir-faire durable et intelligent.
Alors, on part sur du 18 mm ou on sort un bon vieux 25 mm en douglas bien de chez nous ? Au final, tout dépend de ce que vous voulez raconter avec vos planches.